mutuelNous avons reçu des plaintes de personnes choquées par un plan tarifaire enfant pour la téléphonie mobile proposé par le Groupe Mutuel. Le Groupe semble ignorer les mesures de précaution de l'OFSP (Office fédéral de la santé publique), ainsi que celles du Swiss-RE concernant les risques élévés pour les assureurs. Meris Michaels, bien connue par son blog Mieux Prévénir et membre du Comité de l'ARA, n'a pas tardé à écrire une lettre de contestation à la direction du Groupe Mutuel.

Paul Rabaglia
Directeur général Groupe Mutuel Rue des Cèdres 5
Case Postale
1919 Martigny

Morges, le 7 décembre 2015

Monsieur,

Nous avons été très choqués par l’offre de Xadoo aux assurés du Groupe Mutuel Assurances d’un plan tarifaire enfant pour la communication mobile.

Cette publicité, figurant sur la page d'accueil du site du Groupe Mutuel, envoie aux consommateurs le message qu'il est sans danger pour les jeunes enfants d’utiliser un téléphone mobile. Il est d'autant plus troublant que cette offre soit cautionnée par une société d'assurance maladie. En fait, l’utilisation d’un téléphone portable expose les enfants aux dangers des rayonnements électromagnétiques: tumeurs au cerveau, atteinte de la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau des substances toxiques, problèmes de comportement et autres risques sanitaires. Les crânes des enfants sont plus petits et fragiles et absorbent davantage de rayonnements. L’utilisation de téléphones portables par de très jeunes enfants amène au cours de leur vie une accumulation d'exposition aux rayonnements beaucoup plus importante que celle des adultes, ce qui pourrait augmenter de façon significative le risque qu’ils développent des tumeurs cérébrales.

Le choix de cette publicité maladroite et fâcheuse démontre des dysfonctionnements au sein de votre unité responsable de l'évaluation des risques. Cela est d'autant plus étonnant alors que la Swiss-Re a classifié le rayonnement de la téléphonie mobile comme «risque potentiellement élevé» (voir page 11, Swiss-Re-SONAR du juin 2013.)

En mai 2011, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les champs électro-magnétiques de haute fréquence comme «peut-être cancérogènes» (groupe 2B). Les experts sont arrivés à la conclusion que les études épidémiologiques portant sur les tumeurs cérébrales chez les utilisateurs de téléphone mobile montrent un risque que ceux-ci soient touchés par le gliome (tumeur cérébrale la plus fréquente chez l’adulte) et le neurinome de l’acoustique (tumeur du nerf qui assure l’audition et participe à l’équilibre).

Cette classification par l’OMS, ainsi que les incertitudes concernant les effets à long terme et les risques éventuels pour les enfants et les adolescents, incite la Ligue suisse contre le cancer à recommander de ne s’exposer aux champs électromagnétiques de haute fréquence qu’avec retenue. La Ligue suisse contre le cancer met également en garde contre l’utilisation du téléphone portable qui émet le rayonnement électromagnétique . La Ligue, ainsi que l’Office fédéral de la santé publique, recommande, entre autres, de réduire à un minimum l’exposition personnelle au rayonnement en utilisant un dispositif mains libres pendant que l’on téléphone avec un portable.

En Belgique, à partir du 1er mars 2014, un arrêté royal interdit toute publicité relative à l'utilisation des téléphones portables destinés aux enfants âgés de moins de 7 ans. En France, une proposition de loi votée par l’Assemblée nationale interdit toute publicité pour les téléphones portables et les tablettes ciblant les moins de 14 ans. Les fabricants des téléphones portables devront préconiser l’usage d’un kit mains libres.

En mai 2015, plus de 200 scientifiques de 40 pays ont signé un appel international adressé au Secrétaire général des Nations Unies et au Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, demandant une protection efficace, surtout des enfants et des femmes enceintes, contre les expositions à des champs électromagnétiques d’ondes non-ionisantes, émises par le Wi-Fi, les téléphones mobiles et autres technologies sans fil. Ces scientifiques ont publié dans les revues plus de 2'000 articles par des pairs sur les effets biologiques de ces technologies.

Il est temps que les entreprises et les consommateurs soient informés sur les risques des rayonnements électromagnétiques et les mesures de précaution à prendre, surtout pour protéger la santé des jeunes enfants.

Je vous remercie de votre attention à l'égard de ce qui précède et je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments distingués.

Meris Michaels
Membre du Comité de l’ARA
Association Romande Alerte
www.alerte.ch

Copie à :

Mme Zeynep Ersan Berdoz, Directrice des rédactions, Bon à Savoir
Dre Yvonne Gilli, Conseillère nationale, Parlement Suisse